Fréderic Benrath – Ainsi la nuit / Mes Hautes solitudes.

Peintures 1998-2004

Autumn 2016

 

L’exposition que nous proposons est la première depuis le décès accidentel de l’artiste survenu en 2007. Cadet et proche de ses grands aînés que sont Simon Hantaï, Jean Degottex, Martin Barré ou encore Pierre Soulages, Benrath est une figure plus secrète de la peinture abstraite française de l’après-guerre. Néanmoins la peinture de Benrath — lyrique mais dépouillée de toute superfluité — est une synthèse unique entre romantisme et radicalité. De Caspar Friedrich à Turner et de Monet à Rothko, c’est cette tonalité abstraite que notre exposition va montrer.

ÉLÉMENTS DE BIOGRAPHIE

Né Philippe Gérard, Frédéric Benrath adoptera ce pseudonyme à 24 ans, à l’aube de sa carrière de peintre abstrait, en signe de grande proximité avec le romantisme allemand. Sa peinture restera fidèle à l’abstraction tout au long de sa vie. Mais elle évoluera d’un style intense, tourmenté, dramatique vers une peinture plus maitrisée, de plus en plus dépouillée, parvenant à la limite du monochrome vers la fin. Ce parcours considérable témoigne d’une incessante interrogation sur la peinture, sur ses pouvoirs d’évocation et, par delà le déploiement des couleurs, d’une quête de la lumière, de sa montée dans l’espace du tableau, des innombrables modalités de sa présence.

1930 / Naissance le 11 septembre de Philippe Gérard à Chatou (France)

1947 / Termine ses études secondaires à Toulon et entre à l’Ecole des Beaux-Arts de cette ville. Obtient le Prix de la ville de Toulon. Découvre la peinture classique et Cézanne à Aix.

1953 / Premier voyage en Allemagne. Il découvre au sud de Düsseldorf le château de Benrath et décide d’en prendre le nom. Il change par la même occasion de prénom. Celui qu’il se choisit fait écho à deux figures de la culture allemande dont l’œuvre lui est particulièrement proche, le philosophe Friedrich Nietzsche et le peintre Caspard D. Friedrich.

Il rencontre Julien Alvard, alors critique à la revue Art d’Aujourd’hui, dont il restera très proche jusqu’à sa mort en 1972. Alvard lui propose de préfacer une exposition à la Galerie de Beaune tenue par Suzanne de Conninck. Ce sera sa première exposition, organisée en 1954 sous le nom de Frédéric Benrath : elle réunit un ensemble de peintures où se mêlent l’influence de Claude Monet et une gestualité expressionniste.

1954 / Il rencontre Henri Michaux et réalise une sérigraphie pour l’affiche de son exposition à la Galerie Drouin. Il restera longtemps lié à Michaux.

1958 / Rencontre Denise et René Breteau, qui lui proposent de former un groupe avec Duque, Duvillier et Lerin. C’est à cette occasion qu’apparaît le terme «nuagisme.”

1960 / Participe activement à l’exposition Antagonismes organisée par Julien Alvard et François Mathey au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Rencontre à Lyon le metteur en scène et auteur dramatique Marcel Maréchal, pour qui il réalisera des décors de théâtre à Lyon et à Paris.

1961 / Entre à la Galerie Karl Flinker. Celle-ci sera reprise en 1967 par Daniel Gervis , qui continuera à exposer les oeuvres de Benrath jusqu’au milieu des années 1980.

1963 / Exposition “L’Espace du souffle” à la Galerie Karl Flinker en hommage à Henri Michaux. Nombre des tableaux portent des titres inspirés par Michaux ou empruntés à ses textes.

1964 / L’exposition «Le nuage crève» organisée par Julien Alvard, réunissant Nassar Assar, Baufort Delaney, Benrath, Compard, Duvillier, Graziani, Laubiès et Lerin, souligne la diversité, sinon l’éclatement du mouvement nuagiste.

1971 / Rencontre Jean-Noël Vuarnet, philosophe et écrivain né en 1944, qui l’incitera à relire Nietszche. Avec son aide, Benrath poursuit une réflexion sur sa peinture. Il sera ainsi progressivement amené à se reposer des questions sur les enjeux du nuagisme et sur sa propre évolution. Vuarnet sera désormais l’ami le plus proche de Benrath jusqu’à sa mort en 1996.

1973 / Exposition «Le nuagisme même», organisée par Benrath au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Cette rétrospective réunit les principaux représentants de ce mouvement : lui-même, Duvillier, Graziani, Laubiès et Loubchansky. Elle marque la volonté de faire reconnaître ce mouvement, mais aussi celle de le dépasser.

1974 / Exposition «L’Errance et le retour» au musée de Cherbourg, première rétrospective de l’œuvre de Benrath.

1979 / Redécouvre la musique, en particulier la musique contemporaine. Devient un auditeur assidu de l’Ensemble Intercontemporain, créé en 1976 par Pierre Boulez qu’il avait rencontré dés les années 50 lors de la création du Domaine Musical.

1985 / Rétrospective de son œuvre au Centre d’Art contemporain de l’Abbaye de Beaulieu, organisée par Geneviève Bonnefoi.

1991 / Mort de Karl Flinker, qui l’avait exposé dans les années 1960 dans sa galerie et avec qui il avait conservé des relations d’amitié.

1993 / Parution de «Deus sive Natura : Frédéric Benrath», de Jean-Noël Vuarnet aux Editions de l’Amateur.

1994 / Chevalier des Arts et des Lettres. 2003 Importante rétrospective au Centre d’Art contemporain de l’Abbaye de Trizay (Charente-Maritime). Rencontre le critique d’art Pierre Wat.

2007 / Est renversé par un scooter en février. Décède le 17 avril après un coma de plus de deux mois.