Hervé Télémaque

NEW YORK – VILLEJUIF

Exposition du 11 janvier au 24 février 2018
Vernissage le jeudi 11 janvier à partir de 18H

Hervé Télémaque est né en 1937 à Port-au-Prince. En 1957, l’arrivée au pouvoir de Duvallier le pousse à fuir Haïti. Il se rend à New York où il fait la découverte de l’abstraction expressionniste ; l’influence de Gorky, notamment, est décisive. En 1961 il décide néanmoins de quitter définitivement les Etats-Unis pour Paris afin de fuir le racisme qui le barre dans sa carrière de peindre. A Paris, la rencontre des surréalistes, puis des peintres Bernard Rancillac, Eduardo Arroyo, Jacques Monory, Oyvind Fahlström, Peter Klasen, Gilles Aillaud concourt à l’aventure de la figuration narrative dont il est l’une des figures les plus singulières et les plus marquantes. Le retour en 1973 à Haïti, et la revendication, politique et poétique, de la négritude, et, plus largement, à partir des années 2000, le retour vers les racines africaines et haïtiennes de sa peinture confèrent une dimension globale, cosmopolite, métissée à sa peinture, en en repoussant à nouveau les limites. En 2015, le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective ambitieuse rassemblant plus de soixante-dix peintures, objets, et sculptures.

 

Cette exposition personnelle, la deuxième consacrée par Guttklein Fine Art à l’artiste, rassemble plusieurs tableaux historiques des années soixante parmi lesquels le très important tableau No title (the ugly American), de 1962, et le tableau Le livre : portrait d’André Breton (1966) qui n’avait été montré jusqu’alors qu’une fois, lors d’une exposition à la galerie Mathias Fels en 1967.

 

Ces tableaux iconoclastes des années soixante, dont le très beau Histoire Sexuelle (1960), sont remarquables, dans l’œuvre d’Hervé Télémaque, par leurs qualités plastiques et d’invention, à mi-chemin entre l’héritage américain de Gorsky et de Kooning et la tradition surréaliste de De Chirico et Magritte. Elles symbolisent parfaitement le passage de l’anglais au français, des Etats-Unis à la France, de New York à Villejuif, qui a vu l’œuvre d’Hervé Télémaque emprunter le chemin singulier d’une identité (personnelle, poétique, picturale) toujours complexe et jamais fixée. Un chemin, pour reprendre ses propres mots, d’éduqué affranchi.

 

À cet accrochage de tableaux historiques des années soixante, rarement montrés ensemble, répond un autre tableau. Tant par ses dimensions exceptionnelles, son sujet, que sa qualité synthétique dans l’œuvre d’Hervé Télémaque, Témoins (1998) est un chef-d’œuvre que Guttklein Fine Art est heureux d’exposer pour la première fois. Ce tableau unique, symbole d’un retour aux racines africaines et haïtiennes de la peinture d’Hervé Télémaque, vient exemplifier la dimension internationale, ni strictement française, ni strictement moderne et européenne, d’un artiste qui n’a eu de cesse de repousser les limites géographiques, picturales, et poétiques de sa peinture.

Copyright photographies – Guttklein Fine Art – Charles Duprat